Aller au contenu

Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le sens ultime de tous nos mots et symboles. Une définition donne le sens d’un terme au moyen d’autres mots, ceux-ci peuvent à nouveau être définis au moyen d’autres mots encore, et ainsi de suite jusqu’à ce que nous arrivions à des termes qui n’admettent plus de définition verbale — le sens de ceux-ci doit être donné par accointance directe : on ne peut apprendre le sens des mots « joie » ou « vert » qu’en étant joyeux ou en voyant du vert. Ainsi la compréhension et l’interprétation définitives d’une proposition ne semblent pouvoir être atteintes que dans ces actes d’intuition — n’est-ce pas par eux, par conséquent, que la connaissance réelle qu’exprime la proposition est finalement atteinte ?

Les considérations de notre premier cours nous ont déjà appris dans quelle mesure ces remarques sont vraies. Nous avons vu que notre langage verbal ordinaire doit être complété par le fait de désigner des objets et de les présenter pour faire de nos mots et de nos phrases un moyen de communication utile, mais nous avons vu en même temps qu’ainsi nous n’expliquions notre langage des mots que par un langage des gestes, et que ce serait une erreur de penser que par cette méthode nos mots étaient réellement liés au contenu que l’intuition est censée nous fournir. Nous avons montré que le sens de nos mots était entièrement contenu dans la structure du contenu intuitif. Il n’est donc pas vrai que ce dernier (la verdeur inexprimable du vert), que seule l’intuition peut fournir, entre effectivement dans la compréhension de la connaissance. Ce n’est pas possible.

D’ailleurs — et cette remarque tranche la question indépendamment de toute autre considération — le fait que l’intuition, la conscience immédiate, ou plutôt la simple présence d’un contenu, soit indispensable à toute connaissance, ce fait n’a aucune signification, car elle est indispensable à tout ; elle est le fondement ineffable et toujours présent de tout le reste, y compris de la connaissance, mais cela ne signifie pas qu’elle soit elle-même une connaissance — au contraire, cela rend impossible de lui appliquer le mot connaissance, qui est réservé à quelque chose de tout à fait différent.

(Lorsque je regarde le ciel bleu et que je me perds dans sa contemplation sans penser que je jouis du bleu, je suis dans un état de pure intuition, le bleu remplit complètement mon esprit, ils ne font plus qu’un, c’est le genre d’union dont rêve le mystique. L’intuition bergsonienne est la conception mystique de la connaissance. Ne pouvons-nous pas dire qu’à travers l’état de pure conscience que je viens de décrire, nous en venons à savoir ce qu’est réellement le « bleu ».