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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/243

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Tous les individus se communiquent les formes structurelles, les modèles, et ils peuvent tous être d’accord sur ceux-ci ; mais chacun doit trouver par lui-même leur applicabilité au monde, chacun doit consulter sa propre expérience, donnant ainsi aux symboles une signification unique, et remplissant les structures de contenu comme un enfant peut colorier des dessins dont seuls les contours sont donnés. Et sur ce contenu ineffable, ils ne peuvent être ni d’accord ni en désaccord.

Le contenu n’entre pas dans la science. Non pas en raison d’une quelconque imperfection de la connaissance scientifique, non pas en raison d’une quelconque faiblesse de notre capacité cognitive, mais simplement en raison de la nature de toute connaissance : c’est essentiellement une question de structure ; celui qui a faim de contenu a faim de quelque chose qui est tout à fait différent de la connaissance — c’est tout.

La science est une structure logique commune à tous ceux qui peuvent l’étudier. Chaque individu doit l’interpréter pour lui-même ; ils sont tous d’accord sur tout ce qui peut être exprimé et testé, mais nous ne pouvons même pas poser la question de savoir s’ils sont d’accord en ce qui concerne leur interprétation également, les contenus sont essentiellement privés et ne peuvent être comparés. Mais nous pouvons nous demander si nos semblables trouvent toujours dans leur propre expérience un contenu qui présente la même structure que celui dont nous faisons l’expérience dans notre propre monde. Si la réponse à cette question est positive, cela signifie simplement que nous vivons tous dans un seul et même monde. Même un daltonien peut comprendre toutes les affirmations sur les couleurs et étudier l’optique aussi bien que n’importe qui d’autre, bien que ses perceptions des couleurs soient d’une multiplicité différente de celle des autres personnes ayant une vue normale. Il imaginera, par exemple, une sorte de cadre dans l’un de ses espaces intuitifs, de sorte que chaque endroit du cadre représentera pour lui une nuance de couleur, et la multiplicité de tous ces endroits correspondra exactement à la multiplicité du système des couleurs.

Il pourra ainsi trouver un sens à toute proposition sur les couleurs et la traiter intelligemment. (Cette méthode est actuellement utilisée en psychologie pour classer toutes les nuances de couleurs possibles dans un système bien ordonné).

Nous ne pourrons jamais comprendre la science et la connaissance si nous ne réalisons pas que la question concernant la nature réelle d’une chose trouve une réponse complète et exhaustive en donnant la structure de la chose, et qu’il ne reste rien qui doive être exprimé. Si l’on s’interroge sur la nature de la gravitation,