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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/391

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dès le début. Il y a aussi peu de danger de solipsisme que dans n’importe quel « réalisme », et il me semble que le principal point de différence entre l’idéalisme et le positivisme est que ce dernier se tient entièrement à l’écart de la situation difficile de l’égocentrisme. Je pense que c’est la plus grande incompréhension de l’idée positiviste (souvent même commise par des penseurs qui se disaient positivistes) que d’y voir une tendance au solipsisme ou une parenté avec l’idéalisme subjectif. On peut considérer la Philosophie du Comme Si de Vaihinger comme un exemple typique de cette erreur (il appelle son livre un « Système de positivisme idéaliste » ), et peut-être la philosophie de Mach et d’Avenarius comme l’une des tentatives les plus cohérentes pour l’éviter. Il est plutôt regrettable que Carnap ait préconisé ce qu’il appelle le « solipsisme méthodologique » et que, dans sa construction de tous les concepts à partir de données élémentaires, les « eigenpsychische Gegenstande » (entités pour moi) viennent en premier et forment la base de la construction des objets physiques, qui conduisent finalement au concept d’autres moi ; mais s’il y a une erreur ici, c’est principalement dans la terminologie, et non dans la pensée. Le « solipsisme méthodologique » n’est pas une forme de solipsisme, mais une méthode de construction de concepts. Et il faut garder à l’esprit que l’ordre de construction que Carnap préconise — en commençant par les « entités pour moi » — n’est pas censé être le seul possible. Il aurait été préférable de choisir un autre ordre, mais en principe Carnap était bien conscient du fait que l’expérience originelle est « sans sujet » (voir Lewis loc. cit. 145).

Il convient d’insister fortement sur le fait que l’expérience primitive est absolument neutre ou, comme l’a parfois dit Wittgenstein, que les données immédiates « n’ont pas de propriétaire ». Puisque le positiviste authentique nie (avec Mach, etc.) que l’expérience primitive « a cette qualité ou ce statut, caractéristique de toute expérience donnée, qui est indiqué par l’adjectif "première personne" » (loc. cit. 145), il ne peut pas prendre au sérieux le « problème égocentrique » ; pour lui, cette difficulté n’existe pas. Voir que l’expérience primitive n’est pas une expérience à la première personne me semble être l’un des pas les plus importants que la philosophie doit faire vers la clarification de ses problèmes les plus profonds.

La position unique du « moi » n’est pas une propriété fondamentale de toute expérience, mais est elle-même un fait (parmi d’autres faits) de l’expérience. L’idéalisme (tel qu’il est représenté par le « esse = percipi » de Berkeley ou par le « Die Welt ist meine Vorstellung » de Schopenhauer) et d’autres doctrines à tendance égocentrique commettent la