J’ai réussi à vaincre les obstacles que suscitent les mœurs du pays, et j’ai pu voir à plusieurs reprises des pieds de Chinoises : aussitôt que les enfants du sexe féminin atteignent l’âge d’un an, on leur recourbe les trois doigts du pied à partir du petit doigt inclusivement, et on les attache à l’aide de bandages fortement serrés contre la plante du pied. Cette pression énergique et continue met en saillie l’os du coude-pied et lui donne une cambrure en faisant ainsi ressortir considérablement le talon, de sorte que la femme marche en s’appuyant sur les deux doigts restés libres et sur le talon anormal. Toutefois, il faut remarquer que les trois doigts attachés, quoique restant toujours courbés et comprimés contre le pied, ne croissent jamais ensemble et n’adhèrent pas à la plante du pied. Par suite de cette forte compression continuelle, la jambe pousse en grosseur au-dessus de la cheville, et les aines gonflent démesurément. Le Chinois juge du développement de ces dernières par les dimensions du pied. Il est curieux d’observer que l’opération que nous venons de décrire ne se pratique que
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