Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/104

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n’a que faire de la sentimentalité[1]. Chez les Grecs aussi, les vierges, au moment de franchir le pas fatal, étaient tristes et avaient l’air abattu ; les monuments figurés en font foi[2]. Cependant le peuple grec, cela est certain, n’était pas sentimental ; sa nature aussi limpide que robuste s’y refusait. Si donc la femme, au moment d’échanger le trésor de sa virginité contre une déception, pleure et se voile la figure[3], il y a une raison historique qu’il faut reconnaître sans aller pour cela avec l’Apôtre flétrir le sentiment qu’elle éprouve en disant que c’est honteux, turpe est, si elle ne se voile point la tête[4].

Cependant toute cette honte et la torture de la pudeur qui en naquit, si elles furent toute une évolution dans la vie morale de l’homme, manquèrent d’effet réparateur, et l’humanité était désormais condamnée à se dire comme Marguerite :

Ma paix est perdue ; j’ai le cœur oppressé.
Jamais je ne retrouverai le repos,
JamaJamais, jamais.

En effet, au lieu d’affaiblir en son âme l’idée que l’orgueil physique, le soulèvement de la chair y avait fait naître, l’idée de s’adorer lui-même dans son œuvre, l’enfant, et d’adorer aussi, cela va de soi, la femme, l’instrument indispensable pour effectuer cette idée, révolution psychologique qui se fit au moment fatal ne put

  1. Leur nom veut dire « voleurs. » Aujourd’hui ce sont des soudards surtout. (V. Graul, loc. l., II, 178, 180, 232.)
  2. Friedrichs, Archäol. Zeit., XIII (1885), col. 84, pl. LXXX.
  3. Cf. Wolf, Zeitsch. für D. M., I, 887.
  4. Corinth., XI, 6.