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Page:Schoebel - Le Rituel brahmanique du respect social.djvu/24

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L’absence de la prosternation chez les Aryas me paraît une chose curieuse à noter pour l’histoire de la religion. Qu’est-ce, en effet, que la prosternation ? N’est-ce pas un acte symbolique pour exprimer le néant de l’homme ? l’humilité de celui qui est tiré de l’humus ou de la terre ? Il me semble, et alors je comprends pourquoi la prosternation n’a jamais cessé d’être pratiquée chez les races sémitiques, tandis qu’on ne voit pas qu’elle le soit aussi chez les races indo-européennes. C’est chez les Sémites que parmi les traditions religieuses primitives se trouve l’humiliation que Dieu inflige à l’homme quand il lui dit : Tu es poussière et tu retourneras en poussière עפר אתה ואל־עפר תשוב[1]. On sent que, une telle sentence étant acceptée, l’homme a dû se prosterner et coller en quelque sorte sa face contre cette terre qui le réclamait comme sa proie.

Pour revenir aux Indiens, on voit qu’une autre manière, chez eux, de saluer celui auquel on veut témoigner un grand respect, c’est de faire le tour de sa personne en la laissant sur la droite. Delà, la locution pradakihinam kritvâ ayant fait, la droite. — Quant au geste de l’anjali, ce n’est pas une salutation proprement dite ; on fait l’anjali quand on veut adresser à quelqu’un une demande ou une parole respectueuse, et par la manière dont on joint dans ce geste les mains qu’on élève vers celui qu’on prie, on voit que c’est un acte d’offrande symbolique. C’est encore le geste de la prière religieuse, et alors on l’appelle l’anjali du Véda ou brahmânjali. Cela rappelle l’altitude de la prière chez les Grecs[2].

  1. Gén. III, 19.
  2. On sait que ni les Grecs, ni tes Romains, ni les Germains, ni les Celtes ne se prosternaient pour l’acte de prière ; il en était de même pour les chrétiens dans les premiers siècles. On priait debout, les mains éten-