Page:Schoebel - Le Rituel brahmanique du respect social.djvu/31

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mane ayant dix ans doit être honoré comme un père par le Kshatriya, quoique ayant cent ans.

On ne posséderait sur l’Inde que ce seul texte[1], que le caractère radicalement théocratique de la société indienne serait démontré de la manière la plus irréfutable. Et cependant, chose étonnante, dans cette société ainsi constituée, on ne sort pas de l’orthodoxie en indiquant la divinité suprême par un point ou par un pronom interrogatif : kas qui ? quel[2] ? Les Grecs n’avaient-ils pas aussi leur EI (si) ? Et on n’accusera pas d’athéisme les bourreaux de Socrate.

Le Rituel poursuit, çl. 136 :

Vittan bandhurvayah karma vidyâ bhavatî pancamî,
Etâni mânyasthânâni garîyo yad yad uttaram.

« La fortune, la parenté, l’âge, les actes religieux (et), en cinquième, la science, sont des conditions respectables ; celle (qui est) subséquente, celle là (est plus importante). »


Le commentaire explique chacun de ces cinq termes. Il dit que la fortune vittam est la richesse acquise honorablement, c’est-à-dire conforme à la règle, nyâyârjitan. C’est en ce sens qu’une maxime indienne dit : Une famille est constituée par sa fortune.

La parenté comprend l’oncle paternel, etc, âdih l’âge est la qualité d’avoir un âge supérieur, adhika, c’est-à-dire un grand âge ; les karmas ou actes religieux sont les

  1. Cf. çloka, 150 : « Le brâhmane…, lors même qu’il est encore enfant, est le père du vieillard. »
  2. Voy. Mahânârayana Upanishat, XV. Cette Upanishat fait partie du Yajur-Véda noir ou Taittirîya, qui est plus ancien, à ce qu’il paraît, que le Yajur-Véda blanc. On ne connaît pas au juste la signification qu’ont ici les épithètes de blanc et de noir.