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matin — il a cinquante ans, le brave ! — se fera promener dans un fauteuil à roulettes. C’est ainsi que les enfants commencent et que nous finissons, nous qui avons trop bien vécu.

HECTOR. — Margeret, tu ne crains pas de trop bien prophétiser ?

MARGERET. — Craindre pour qui ? pour moi ? Tu as raison. Les reins deviennent diantrement douloureux et les articulations manquent de souplesse. C’est dit. Cela t’arrivera, à mon âge… tu verras. Mais, sois sans inquiétude ce qui n’arrivera pas à moi, c’est, étant gâteux comme de Mimyane, d’épouser une jeune vierge bien en chair, appétissante comme une pêche savoureuse, le sang aux oreilles et aux yeux… comme Suzanne. Ça ne te dégoûte pas, toi, le mariage ?

HECTOR. — Comme institution, c’est nécessaire. C’est encore la seule base que les philosophes aient trouvée pour la société pour la vie de laquelle il est heureux qu’on ne trouve pas que des paresseux comme Margeret. Nous soldats, nous sommes pour l’ordre et la discipline. Ce que vous, vous appelez la manière forte, nous, nous l’appelons la consigne. Cependant, un mariage comme celui auquel nous venons d’assister donne un spectacle attristant. À l’église, j’avais envie de pleurer.