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Page:Schoonbroodt - L'autre Suzanne, 1916.djvu/14

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Lugubre !… le mot n’a rien d’exagéré. Unir une Suzanne de Sabran à un Mimyane… Je n’aurais jamais eu, quant à moi, une idée pareille.

MARGERET. — « La Belle et la Bête », conte des fées. Il était une fois…

HECTOR. — Margeret, la plaisanterie me peine. J’ai grande sympathie pour Suzanne.

MARGERET. — C’est dit : sympathie d’abord ; amitié, c’est un pas de plus ; et puis, c’est l’amour qui peut bientôt atteindre à la passion et la passion au vice. Tu es amoureux de Suzanne, comme je le suis, comme nous le sommes tous ici. Tu finiras par faire quelque folie pour elle, parce que tu es jeune, toi.

HECTOR. — Le bourgeois que je suis — mon grand-père était marchand de soie à Lyon — ne comprend pas l’adultère.

MARGERET. — Répète un peu, pour voir.

HECTOR. — Tu as parfaitement saisi. Je suis sérieux comme le fourreau de mon sabre.

MARGERET. — Tu ne voudrais pas tromper Mimyane parce que tu es ou que tu crois être son ami, mais tu es aussi l’ami de Suzanne, que diable ! Elle n’a pas son compte, la pauvrette, dans ce marché où elle est la dupe. Qui va lui rendre le manquant ?