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vous écrivaient de Marseille au moment de s’embarquer pour l’Algérie… Le scandale éclatait… Mimyane, averti, entrait dans une colère terrible et mettait en miettes, à coups de canne, tout ce qui, dans le salon, se trouvait à sa portée… puis il voulait se lever pour courir après l’infidèle et s’abîmait sur le parquet…

Mme de RYVÈRE. — D’où on ne relevait qu’un cadavre défiguré. Dix mois après, un notaire se présentait pour faire les sommations légales… et Hector épousait cette femme.

D’ESTINNES. — La passion, Marthe, est souvent plus forte que la raison. Suzanne est la femme fatale. Margeret est tombé premier. Il en était fou et il est renfermé aujourd’hui parmi les fous, ses frères… Moi ensuite… moi qui, par mon imprudence, suis enfin cause du second drame. Votre fils, enfin, qui devait être le bon terre-neuve et qui se noie avec celle qu’il s’était chargé de sauver des eaux. Des fous ! ne sommes-nous pas tous fous ?… moi et vous qui aurions pu nous unir et qui ne l’avons pas fait… et nous qui pourrions nous refaire une vie encore et qui ne le faisons pas. Des folles ! de braves amies comme vous qui pensent pouvoir sauver des folles comme Suzanne… qui pensent placer dans une même chambre,