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Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/74

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Jean. — Ne faites pas cela, maman…

Madame. — Que je… (À son mari). Nicolas, si tu ne mets pas cet enfant à la porte de chez nous, je vais mourir… Chasse-le !…

Monsieur (sans bouger). — Jean, vous entendez ?

Jean (calme et résolu). — Papa, je m’attendais à ce qui arrive. J’avais prévu cette crise depuis longtemps. Soit, vous voulez que je m’en aille, et moi je venais précisément pour solliciter de vous l’autorisation de m’en aller à l’étranger.

Monsieur (éperdu). — Tu veux nous quitter ?… Aller où ?

Jean. — À Paris.

Monsieur. — Je te refuse l’argent pour le voyage.

Jean. — J’ai vendu deux toiles, à mon exposition. Cela suffira, mon père.

Monsieur (pleurant). — Tu ne nous aimes plus…

Madame (s’agitant sur sa chaise). — Tu vois bien, Nicolas, qu’il n’y a rien à faire avec cet enfant !… Tu vois bien que le voilà qui veut partir, maintenant !… Il veut partir !…

Le lendemain matin, Jean part pour Paris. Il a le cœur bien gros. Avant de sortir de la maison paternelle, il a voulu embrasser ses parents, mais ceux-ci n’ont pas ouvert la porte de leur chambre, et l’enfant prodigue s’en est allé vers l’aventure.