Page:Schopenhauer - Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1880, trad. Cantacuzène.djvu/179

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morales, c’est-à-dire qui n’envisagent la nature humaine que par le côté de la volonté ! Dans La flûte enchantée, hiéroglyphe grotesque, mais expressif et significatif, nous trouvons également cette même pensée fondamentale symbolisée en grands et gros traits comme ceux des décorations de théâtre ; la symbolisation serait même parfaite si, au dénouement, Tamino, ramené par le désir de posséder Tamina, au lieu de celle-ci, ne demandait et n’obtenait que l’initiation dans le temple de la Sagesse ; en revanche, Papagéno, l’opposé nécessaire de Tamino, obtiendra sa Papagéna. Les hommes supérieurs et nobles saisissent vite cet enseignement du destin et s’y prêtent avec soumission et reconnaissance : ils comprennent que dans ce monde on peut bien trouver l’instruction, mais non le bonheur ; ils s’habituent à échanger des espérances contre des connaissances ; ils s’en contentent et disent finalement avec Pétrarque :

Altro diletto, che’mparar non provo.

Ils peuvent même en arriver à ne plus suivre leurs désirs et leurs aspirations qu’en apparence pour ainsi dire et comme un badinage, tandis qu’en réalité et dans le sérieux de leur for intérieur ils n’attendent que de l’instruction ; ce qui les revêt alors d’une teinte méditative, géniale et élevée. Dans ce sens, on peut dire, aussi qu’il en est de nous comme des alchimistes, qui, pendant qu’ils ne cherchaient que de l’or, ont trouvé la poudre à canon, la porcelaine, des médicaments et jusqu’à des lois naturelles.