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LA NÉCESSITÉ

comme je l’ai déjà démontré pour les notions de substance immatérielle, raison absolue, cause en général, etc. Je ne saurais assez répéter que toutes les notions abstraites doivent être contrôlées par l’intuition.

De ce qui précède il résulte qu’il y a quatre espèces de nécessités, qui correspondent aux quatre formes du principe de la raison : 1° la nécessité logique, en vertu du principe de connaissance, qui fait que, lorsque l’on a admis les prémisses, on ne peut se refuser à accorder la conclusion ; 2° la nécessité physique, correspondante à la loi de la causalité et en vertu de laquelle, dès que la cause se présente, l’effet ne peut manquer ; 3° la nécessité mathématique, correspondante au principe de la raison d’être : en vertu de cette nécessité, tout rapport, énoncé par une proposition géométrique vraie, est tel que celle-ci l’expose, et tout calcul exact est irréfutable ; 4° la nécessite morale, en vertu de laquelle tout homme, tout animal, quand le motif se présente, est forcé d’accomplir l’action qui seule convient à son caractère inné et immuable, et qui doit aussi inévitablement se produire que tout autre effet d’une cause, bien que cet effet soit moins facile à énoncer d’avance que les autres, vu la difficulté de scruter et de bien connaître le caractère pratique individuel et la sphère intellectuelle qui l’accompagne ; ce sont là des éléments autrement difficiles à étudier que les propriétés, d’un sel neutre d’après lesquelles on peut indiquer d’avance la réaction qui suivra. Je ne cesserai pas de répéter ces choses, à cause des ignorants et des imbéciles qui, au mépris de la doctrine unanime de tant de grands esprits, sont