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PARERGA ET PARALIPOLENA

nous-même ni les objets, tels qu’ils sont en soi, mais uniquement tels qu’ils nous apparaissent. La démonstration qu’il fait de la prop. 27, P. III, expose la question avec le plus de clarté. Je dois rappeler ici ce que j’ai dit dans mon ouvrage : Le monde comme volonté et représentation, au 2e volume, au sujet du rapport entre la doctrine de Spinoza et celle de Descartes. Mais ce n’est pas seulement de l’obscurité et de l’équivoque qui se sont produites dans la manière d’exposer de Spinoza pour avoir pris comme point de départ les notions de la philosophie cartésienne ; il est encore tombé par là dans bien des paradoxes criants, dans des erreurs manifestes, dans des absurdités et des contradictions, qui ont ajouté à tout ce que sa doctrine a de beau et d’excellent, un désagréable mélange de principes absolument indigestes et qui font que le lecteur est partagé entre l’admiration et le déplaisir. En ce qui concerne plus spécialement notre sujet, le défaut capital de Spinoza est d’être parti d’un point faux pour tirer la ligne de démarcation entre l’idéal et le réel, entre le monde subjectif et le monde objectif. En effet, l’étendue n’est nullement l’opposé de la représentation, mais elle se trouve tout entière dans celle-ci. Nous représentons les objets comme étendus, et, en tant qu’ils sont étendus, ils sont notre représentation ; mais la question, le problème initial est de savoir si, indépendamment de notre représentation, il y a quelque objet qui soit étendu, si même, d’une manière générale, il existe quoi que ce soit. Kant en donna plus tard une solution, d’une exactitude incontestable sur ce point que l’étendue