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PARERGA ET PARALIPOLENA

orientée ; il a mené, comme nous l’avons dit, le plan de séparation droit par le milieu du côté idéal, subjectif, phénoménal du monde, ainsi donc à travers le monde comme représentation ; il partage celui-ci en étendue ou espace et en représentation de l’étendue ; après quoi, il s’évertue à démontrer que les deux ne font qu’un, ce qui, en effet, est vrai. Spinoza reste entièrement dans la partie idéale du monde qui renferme l’étendue ; mais comme c’est déjà dans l’étendue qu’il croit avoir trouvé le réel, comme le monde visible est, en conséquence, à ses yeux ce qu’il y a d’uniquement réel en dehors de nous, et la connaissance (le cogitans) ce qu’il y a d’uniquement réel en dedans de nous, — de même, d’autre part, il transporte dans l’idéal ce qu’il y a d’effectivement réel, la volonté, en en faisant une simple forme de connaissance, un modus cogitandi et en l’identifiant même avec le jugement. Voir, dans la Morale, II, les preuves des prop. 48 et 49, où il dit : « per voluntatem intelligo affirmandi et negandi facilitaient, » et plus loin : « concipiamus singularem aliquam volitionem, nempe modum cogitandi, quo mens affirmat, ires angulos trianguli aequales esse duobus rectis ; » après quoi suit le corollaire : « Voluntas et intellectus unum et idem sunt. » — Spinoza a en général le grand défaut d’employer les mots à désigner des notions que tout le monde appelle par d’autres noms, et, en revanche, de leur enlever la signification qu’ils ont partout : ainsi ce qu’on appelle partout « le monde », il le nomme « Dieu » ; « la force », « le droit » ; et « le jugement », « la volonté ». Cela ne