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essai sur le libre arbitre

un produit lointain de cette conviction innée de l’invariabilité du caractère et de la nécessité de ses manifestations. — Enfin je ne veux pas supprimer ici une remarque, tout à fait incidente du reste, et à laquelle chacun, suivant ce qu’il pense sur certains sujets, peut attacher la valeur qu’il lui plaira. Si nous n’admettons pas la nécessitation rigoureuse de tout ce qui arrive, en vertu d’une causalité qui enchaîne tous les événements sans exception, et si nous laissons se produire en une infinité d’endroits de cette chaîne des solutions de continuité, par l’intervention d’une liberté absolue ; alors toute prévision de l’avenir, soit dans le rêve, soit dans le somnambulisme clairvoyant, soit dans la seconde vue, devient, même objectivement, tout à fait impossible, et par conséquent inconcevable ; parce qu’il n’existe plus aucun avenir vraiment objectif, qui puisse être possiblement prévu ; tandis que maintenant nous n’en mettons en doute que les conditions subjectives, c’est-à-dire la possibilité subjective seulement. Et ce doute lui-même ne peut plus subsister aujourd’hui chez les personnes bien renseignées[1], après que


    singulièrement à celle de Kant, et de Schopenhauer lui-même, sur le choix extemporel.

  1. Une aussi étrange affirmation doit surprendre au premier abord dans la bouche d’un penseur comme Schopenhauer : elle est cependant, à y regarder de près, en parfaite harmonie avec sa philosophie athée, ou plutôt elle