Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
mes prédécesseurs

erreurs de notre volonté… Notre volonté relève entièrement de Dieu pour la substance ; il faut tout rapporter à Dieu, qui a fait ainsi la volonté, et qui la met en mouvement. » Plus loin encore : « Puisque l’essence et le mouvement de la volonté viennent de Dieu, il faut imputer à Dieu toutes les opérations de la volonté, bonnes ou mauvaises, puisqu’elle n’est qu’un instrument dans ses mains[1]. »

Mais il faut, en lisant Vanini, avoir toujours présent à l’esprit qu’il se sert perpétuellement d’un artifice consistant à mettre dans la bouche d’un contradicteur, comme un sujet d’horreur et de dégoût contre lequel il s’insurge, ses véritables opinions, et à faire parler ce contradicteur de la façon la plus convaincante et la plus solide ; par contre, à lui présenter, comme réfutation, des objections frivoles et des arguments boiteux ; après quoi il fait semblant de conclure d’un air triomphant, tanquam re benè gesta, comptant sur la malignité et la pénétration du lecteur. Par cette ruse il a même trompé la savante Sorbonne, qui, prenant toutes ses hardiesses pour de l’or en barres, apposa naïvement son permis d’imprimer sur des ouvrages athées. D’autant plus douce fut la joie de ces docteurs, lorsque, trois ans plus tard, ils le virent brûler vif, après qu’on lui eût préala-

  1. Tr. Fr. de Rousselot, Paris, 1842. L’ouvrage original, écrit en latin, est presque introuvable.