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mes prédécesseurs

pouvons pas les expliquer autrement que comme le reste des phénomènes de la nature, c’est-à-dire d’après leurs lois immuables, suivant une inviolable maxime fondamentale, sans laquelle il est impossible de faire aucun usage de notre raison dans Tordre empirique[1]. »

Et ailleurs encore dans la Critique de la Raison pratique (P. 166 de la 4e édition, ou P. 230 de l’édition Rosenkranz) : « On peut accorder que, s’il nous était possible de pénétrer l’âme d’un homme, telle qu’elle se révèle par des actes aussi bien internes qu’externes, assez profondément pour connaître tous les mobiles, même les plus légers, qui peuvent la déterminer, et de tenir compte en même temps de toutes les occasions extérieures qui peuvent agir sur elle, nous pourrions calculer la conduite future de cet homme avec autant de certitude qu’une éclipse de lune ou de soleil[2]. »

Mais ici il rattache sa doctrine de la coexistence de la liberté et de la nécessité, grâce à la distinction entre le caractère intelligible et le caractère empirique, doctrine sur laquelle je me propose de revenir plus bas, parce que j’y souscris sans réserve. Kant l’a exposée deux fois, une première dans la Critique de la Raison pure (P. 531-553 de

  1. Id., ibid., p. 386.
  2. Traduction française de M. Jules Barni, p. 289.