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conclusion et considération plus haute

d’abord si une vérité nouvellement reconnue s’accorde ou non avec le système de nos autres convictions, — telle est la méthode que Kant a déjà recommandée, et je ne saurais m’empêcher de répéter ici ses propres paroles[1] :

« Cela confirme cette maxime déjà reconnue et vantée par d’autres, que dans toute recherche scientifique il faut poursuivre tranquillement son chemin avec toute la fidélité et toute la sincérité possibles, sans s’occuper des obstacles qu’on pourrait rencontrer ailleurs, et ne songer qu’à une chose, c’est-à-dire à l’exécuter pour elle-même, en tant que faire se peut, d’une façon exacte. Une longue expérience m’a convaincu que ce qui, au milieu d’une recherche, m’avait parfois paru douteux, comparé à d’autres doctrines étrangères, quand je négligeais cette considération et ne m’occupais plus que de ma recherche, jusqu’à ce qu’elle fût achevée, finissait par s’accorder parfaitement et d’une manière inattendue avec ce que j’avais trouvé naturellement, sans avoir égard à ces doctrines, sans partialité et sans amour pour elles. Les écrivains s’épargneraient bien des erreurs, bien des peines perdues (puisqu’elles ont pour objet des fantômes), s’ils pouvaient se résou-

  1. Critique de la Raison Pratique, p. 239 de l’édition Rosenkranz.