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Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/200

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essai sur le libre arbitre

dre à mettre plus de sincérité dans leurs travaux[1]. »

Ajoutons à cela que nos connaissances métaphysiques sont encore bien loin d’être assez certaines pour que nous ayons le droit de rejeter aucune vérité solidement démontrée, par cela seul que ses conséquences semblent en contradiction avec elles. Bien plus, toute vérité prouvée et établie est une conquête sur le domaine de l’inconnu dans le grand problème du savoir en général, et un ferme point d’appui où l’on pourra appliquer les leviers destinés à remuer d’autres fardeaux ; c’est aussi un point fixe d’où l’on peut s’élancer d’un seul bond, dans les occasions favorables, pour considérer l’ensemble des choses d’un point de vue plus élevé. Car l’enchaînement des vérités est si étroit dans chaque partie de la science, que celui qui a pris possession pleine et entière d’une quelconque d’entre elles peut légitimement espérer qu’elle sera le point de départ d’où il s’avancera vers la conquête du tout. De même que pour la solution d’une question difficile d’algèbre une seule grandeur donnée positivement est d’une importance inappréciable, parce qu’elle rend possible cette solution ; ainsi, dans le plus difficile de tous les problèmes humains, à savoir la métaphysique, la connaissance assurée, démontrée à priori et à

  1. P. 301 de la trad. française.