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essai sur le libre arbitre

sion d’un syllogisme, étant données les prémisses), — mathématique (l’égalité des côtés d’un triangle quand les angles sont égaux entre eux) ; ou bien physique et réelle (comme l’apparition de l’effet, aussitôt qu’intervient la cause) : mais, de quelque ordre de faits qu’il s’agisse, la nécessité de la conséquence est toujours absolue, lorsque la raison suffisante en est donnée. Ce n’est qu’autant que nous concevons une chose comme la conséquence d’une raison déterminée, que nous en reconnaissons la nécessité ; et inversement, aussitôt que nous reconnaissons qu’une chose découle à titre d’effet d’une raison suffisante connue, nous concevons qu’elle est nécessaire : car toutes les raisons sont nécessitantes. Cette explication est si adéquate et si complète, que les deux notions de nécessité et de conséquence d’une raison donnée sont des notions réciproques (convertibles), c’est-à-dire qu’elles peuvent être substituées l’une à l’autre. D’après ce qui précède, la non-nécessité (contingence) équivaudrait à l’absence d’une raison suffisante déterminée. On peut cependant concevoir l’idée de la contingence comme opposée à celle de la nécessité : mais il n’y a là qu’une difficulté apparente[1]. Car toute contingence n’est que

  1. Schopenhauer se fait cette objection : Si l’idée de la non-nécessité est absurde et impensable, comment se