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la volonté devant la conscience

peut pas lui être soumise, parce qu’elle ne saurait être comprise par lui.

L’ensemble des réponses que nous avons obtenues dans notre interrogatoire de la conscience peut se résumer ainsi qu’il suit sous une forme plus concise. La conscience de chacun de nous lui affirme très-clairement qu’il peut faire ce qu’il veut. Or puisque des actions tout-à-fait opposées peuvent être pensées comme ayant été voulues par lui, il en résulte qu’il peut aussi bien faire une action que l’action opposée, s’il la veut. C’est là précisément ce qu’une intelligence encore mal armée confond avec cette autre affirmation bien différente, à savoir que dans un cas déterminé le même homme pourrait vouloir également bien deux choses opposées, et elle nomme libre arbitre ce prétendu privilège. Or que l’homme puisse ainsi, dans des circonstances données, vouloir à la fois deux actions opposées, c’est ce que ne comporte en aucune façon le témoignage de la conscience, laquelle se contente d’affirmer que de deux actions opposées, il peut faire l’une, s’il la veut, et que s’il veut l’autre, il peut l’accomplir également. Mais est-il capable de vouloir indifféremment l’une ou l’autre ? Cette question demeure sans réponse, et exige un examen plus approfondi, dont la simple conscience ne saurait préjuger le résultat. La formule suivante, quoique un peu em-