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i. de la connaissance

cisément à prendre comme problème la généralité du phénomène. Ceux, au contraire, qui bornent leurs recherches au domaine des sciences physiques, ne s’étonnent que des phénomènes spéciaux et rares, et tout leur problème est de ramener ceux-ci à des phénomènes plus connus. Plus un être humain est bas dans l’échelle intellectuelle, moins l’existence présente pour lui d’énigmes : que les choses soient, et qu’elles soient faites comme elles sont faites, tout lui paraît se comprendre de soi-même.

Par métaphysique, j’entends toute connaissance qui prétend nous conduire au delà des possibilités de l’expérience, donc au delà de la nature ou des choses données, et faire la lumière sur ce qui constitue, en un sens quelconque, leur condition même ; ou, pour parler familièrement, sur ce qui se cache derrière la nature et la rend possible. Or les hommes diffèrent à tel point entre eux par les facultés intellectuelles qu’ils tiennent de la nature, aussi bien que par la culture nécessaire au développement de ces facultés, culture qui ne s’acquiert pas sans beaucoup de loisirs, que dès le moment où un peuple est sorti de l’état de barbarie, une seule métaphysique n’y