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i. de la connaissance

même sur des signes et des miracles. Leurs arguments consistent principalement en menaces de châtiments éternels, parfois aussi temporels, dirigés contre les incroyants ou même déjà contre les simples douteurs ; le bûcher, ou quelque autre supplice, est l’ultima ratio theologorum qu’on trouve chez beaucoup de peuples. Quand les religions prétendent à un autre genre de garantie et qu’elles emploient d’autres arguments, elles empiètent déjà sur le domaine des systèmes de la première sorte et peuvent ainsi dégénérer en produits mixtes ; elles rencontrent à cela plus de danger que de profit.


Physique et métaphysique.

Nous trouvons d’autre part la physique (en donnant à ce terme son sens le plus vaste) occupée, elle aussi, à l’explication des phénomènes du monde. Mais la nature même de ses explications la rend déjà inégale à cette tâche. La physique n’est pas en mesure de se suffire à elle-même ; elle a beau le prendre de haut : il lui faut l’appui d’une métaphysique.

Je dis donc : tout, à la vérité, est physiquement explicable, mais aussi rien n’est physiquement explicable. Il est sûr qu’on doit pouvoir trouver finalement au travail de notre cerveau, aussi bien qu’au