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ii. de la nature

sont du ressort de l’intellect. Celui-ci, en tant qu’élément secondaire, lié à un organe corporel, comporte d’innombrables degrés de plus ou moins grande perfection ; en principe, d’ailleurs, et de sa nature même, il est toujours limité et imparfait. Le Vouloir, par contre, en tant qu’élément originel, en tant que « chose en soi », ne peut jamais être imparfait ; tout acte du Vouloir est entièrement ce qu’il peut être. En vertu de la simplicité qui est l’attribut du Vouloir, parce qu’il est « chose en soi », contenu métaphysique du phénomène, la nature de ce Vouloir n’admet pas de plus ou de moins ; il est toujours intégralement lui-même. Son excitation seule comporte des degrés, depuis le penchant le plus faible jusqu’à la passion, et par là-même aussi son excitabilité, c’est-à-dire sa violence, depuis le tempérament flegmatique jusqu’au bilieux.

Ce qui montre bien que le Vouloir constitue la substance essentielle de l’homme, sa réalité véritable, et l’intellect l’élément secondaire, produit et conditionné par l’autre, c’est que cet intellect ne peut fonctionner correctement, et purement selon sa nature, que dans la mesure où le Vouloir demeure au repos et n’intervient pas ; alors qu’au contraire