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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/141

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ii. de la nature

plus profond, à cela près que nous n’en garderions aucun souvenir à notre réveil. Il était facile d’apercevoir la fausseté de cette assertion dès l’instant que l’enseignement de Kant eut débarrassé la philosophie de la susdite âme. Car le phénomène du sommeil et du réveil démontre clairement à tout esprit non prévenu que la connaissance est un phénomène secondaire et, comme tout ce qui se passe en nous, conditionné par l’organisme. Il n’y a en nous d’infatigable que le cœur, parce que ses pulsations ne dépendent pas directement des nerfs, mais constituent précisément la manifestation originelle du Vouloir. D’ailleurs toutes les fonctions physiologiques qui sont gouvernées seulement par les nerfs ganglionnaires, lesquels n’ont qu’une relation très éloignée et indirecte avec le cerveau, se poursuivent également pendant le sommeil, sauf que les sécrétions se font plus lentement ; le battement du cœur lui-même, parce qu’il dépend de la respiration, laquelle dépend de son côté du système cérébral (la moelle allongée), se ralentit quelque peu avec cette respiration. Quant à l’estomac, c’est pendant le sommeil qu’il est peut-être le plus actif ; il faut l’attribuer — étant donné que son activité et celle du cerveau influent