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la pensée de schopenhauer

par le centre supérieur du système nerveux, ont pour agent réel ce Vouloir que nous connaissons par une tout autre voie que le monde extérieur, comme une donnée immédiate de notre conscience, nous sommes obligés d’admettre que les actions qui procèdent de ce même système nerveux, mais qui sont subordonnées à la direction de ses centres inférieurs, sont elles aussi des manifestations de ce Vouloir. D’autant plus que nous savons parfaitement pourquoi ces mouvements ne sont pas, comme les premiers, accompagnés de conscience : c’est que la conscience a son siège dans le cerveau, d’où il suit que son domaine se limite aux parties de l’organisme dont les nerfs aboutissent au cerveau, parties d’où elle disparaît d’ailleurs aussi, dans le cas où ces nerfs sont coupés. La différence entre le conscient et l’inconscient, et du même coup entre le « volontaire » et l’« involontaire », dans les mouvements du corps, s’explique ainsi parfaitement, et il n’y a plus alors aucune raison d’admettre deux sources primitives du mouvement distinctes l’une de l’autre ; outre que principia præter necessitatem non sunt multiplicanda. Tout cela est si évident que tout esprit non prévenu sentira dès lors l’absurdité qu’il y a à faire de notre corps