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ii. de la nature

et fait apparaître infailliblement. Sitôt, par contre, qu’on sera parvenu à cette intuition philosophique : qu’une force de la nature est un degré déterminé de l’objectivation du Vouloir, c’est-à-dire de cela même en quoi nous reconnaissons aussi l’essence intime de notre être ; que ce Vouloir, en lui-même et indépendamment des formes par où il se manifeste, gît en dehors du temps et de l’espace ; que, par conséquent, la multiplicité, dépendant elle-même du temps et de l’espace, ne concerne ni ce Vouloir, ni directement l’Idée, degré de son objectivation, mais seulement les phénomènes où cette Idée apparaît ; qu’enfin la loi de causalité n’a également de signification que par rapport au temps et à l’espace, en ce sens qu’elle fixe leur place dans ce temps et cet espace aux manifestations multipliées des différentes Idées par où le Vouloir s’atteste, réglant l’ordre selon lequel elles doivent s’y produire ; sitôt, dis-je, que nous aurons saisi ainsi le sens profond de la grande doctrine de Kant (le temps, l’espace et la causalité ne concernent pas la « chose en soi », mais bien le phénomène ; ils sont nos formes de connaissance, et non pas des propriétés de la « chose en soi » ), nous comprendrons aussi que notre étonnement à voir la régularité et la ponctualité des effets