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la pensée de schopenhauer
Sur l’organisme animal. Perfection de l’œuvre naturelle.

Considérez les animaux dans leurs types innombrables : chacun d’eux n’est vraiment, des pieds à la tête, rien d’autre que l’image de son Vouloir, l’expression visible des aspirations qui constituent son caractère. À cette diversité des caractères individuels la diversité des formes correspond comme un simple reflet.

Il n’y a pas d’explication ni d’hypothèse qui nous rende compréhensibles à la fois l’adaptation rigoureuse de la structure de l’organisme aux fins de l’animal et aux conditions extérieures de sa vie, et l’étonnante conformité à un même dessein, la merveilleuse harmonie de son mécanisme intérieur, comme le fait cette vérité qui s’est déjà imposée à nous par ailleurs : que le corps de l’animal n’est précisément que son Vouloir même, perçu dans le cerveau comme représentation, c’est-à-dire sous les formes de l’espace, du temps et de la causalité ; qu’il est simplement la « visibilité » de ce Vouloir, ce Vouloir fait objet. Admettre cette vérité, c’est comprendre, en effet, du même coup pourquoi tout, dans l’animal, doit nécessairement conspirer à une fin unique et dernière, qui est la vie de cet animal. Il ne peut donc s’y rencontrer rien d’inutile, rien de superflu, mais