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iii. de l’art

êtres humains n’atteignant même pas à cette dose, tandis que le génie consiste dans un excédent réel, d’ailleurs tout à fait anormal, de la puissance intellectuelle sur la quantité nécessaire aux besoins du plus énergique Vouloir. C’est bien pourquoi aussi les hommes capables de créer de véritables œuvres sont mille fois plus rares que les hommes d’action. C’est ce trop-plein anormal qui permet précisément à l’intellect d’acquérir une prépondérance décisive, et de se détacher du Vouloir, pour appliquer toute sa force et son élasticité propres à cette libre activité d’où naissent les œuvres géniales.


Enfance et génie.

Il y a lieu de relever ici un aspect particulier du génie qu’on peut appeler son côté enfantin, c’est-à-dire une certaine ressemblance qui existe entre le génie et l’enfance. On constate en effet chez l’enfant la même prépondérance très marquée du système cérébral et nerveux ; car le développement de ce système précède de beaucoup celui du reste de l’organisme, le cerveau atteignant tout son volume déjà avec la septième année. Le système génital, par contre, est le dernier à se développer, et c’est seulement