L’Idée, c’est l’unité se décomposant en multiplicité en vertu de nos formes de perception intuitive, le temps et l’espace ; le concept, au contraire, c’est l’unité que la raison, partant de cette multiplicité, reconstitue par une abstraction. Cette dernière unité pourrait se définir comme l’unitas post rem, et la première comme l’unitas ante rem. On pourrait aussi exprimer cette différence par une image, en disant que le concept est pareil à une enveloppe dépourvue de vie, dans laquelle ce qu’on y a enfermé se trouve bien réellement contenu et disposé, mais dont il n’est pas possible de tirer autre chose (par des jugements analytiques) que ce qu’on y avait déjà introduit (par réflexion synthétique) ; tandis que l’Idée développe chez celui qui l’a saisie des représentations qui, par rapport au concept de même nom, sont réellement nouvelles ; elle est ainsi comparable à un organisme vivant, capable de développement, doué de force génératrice et qui engendre ce qui ne se trouvait pas déjà enfermé en lui.
On comprend dès lors que le concept, aussi utile qu’il puisse être pour la vie, aussi commode, nécessaire et fructueux qu’il puisse être pour la science,