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iii. de l’art

bation immédiate et bruyante les œuvres des maniéristes. Mais ces mêmes œuvres, au bout de peu d’années, apparaissent déjà insipides, parce que les concepts régnants ont changé, qui seuls pouvaient leur servir d’appui. Il n’y a que les œuvres authentiques, c’est-à-dire puisées directement à la nature et à la vie, qui demeurent, comme la nature et la vie elles-mêmes, éternellement jeunes, toujours douées de leur vigueur première ; car elles n’appartiennent à aucun temps, mais à l’humanité.


Sur l’essence de l’art. Art et philosophie.

Les beaux-arts, eux aussi, et non pas seulement la philosophie, travaillent en réalité à résoudre le problème de l’existence. Chaque fois que l’esprit humain en vient à considérer le monde d’un point de vue uniquement objectif, il tend du même coup à saisir les choses, l’existence, la vie, dans leur essence véritable, cette tendance dût-elle demeurer ignorée de lui-même. Par là, toute conception purement objective, donc aussi toute conception esthétique des choses, crée une expression nouvelle de l’essence de la vie, apporte une réponse de plus à la question : « qu’est-ce que la vie ? » A cette question toute œuvre d’art au-