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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/247

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iii. de l’art

être raisonnable, ou intelligent, ou honnête, ou bon, et seulement comme très rare exception une âme noble. (W. W. V. vol. II, ch. 37.)


De la musique.

La musique occupe, parmi les arts, une situation tout à fait à part. Nous n’apercevons pas en elle la reproduction d’aucune Idée des êtres et des choses de l’Univers. Et cependant elle est un art si grand et si magnifique, elle agit si puissamment sur notre être le plus intime, elle est comprise de lui si entièrement et si profondément — comme un langage de valeur universelle, plus clair pour nous que celui du monde sensible — qu’il nous faut évidemment chercher dans la musique plus et mieux que ce qu’y voyait Leibnitz, à savoir un exercitium arithmeticæ occultum nescientis se numerare animi. Leibnitz avait d’ailleurs parfaitement raison, tant qu’il ne considérait que la signification extérieure immédiate, l’enveloppe de la musique. Mais si celle-ci n’était vraiment rien de plus, la satisfaction qu’elle nous procure devrait être semblable à celle que nous donne la solution juste d’un problème d’arithmétique ; elle ne serait point cette joie profonde où nous sentons parler notre être le plus intérieur.