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iii. de l’art

un rapport d’analogie, un parallélisme, entre la musique d’une part, et d’autre part les Idées, dont la manifestation dans le multiple et l’imparfait constitue le monde visible[1].

De même que l’homme est par essence un Vouloir qui s’efforce, qui touche à la satisfaction et qui de nouveau s’efforce, et cela continuellement, si bien que tout son bonheur, tout son bien-être n’est que dans la rapidité avec laquelle il passe ainsi du désir à l’assouvissement et de l’assouvissement à un nouveau désir, faute de quoi le retard de la satisfaction engendre la souffrance, et l’absence d’un nouveau désir le tourment d’une aspiration sans objet, la langueur, l’ennui ; de même la mélodie est par essence une digression perpétuelle de la voix qui, par mille chemins sinueux, s’écarte de la tonique pour parcourir non seulement les intervalles consonnants de la tierce et de la dominante, mais tous les autres, jusqu’à la dissonante septième et aux intervalles augmentés, et pour revenir toujours finalement à la note fonda-

  1. Faute de place, nous devons supprimer ici, pour n’en donner que le fragment suivant, les pages où Schopenhauer développe son hypothèse génialement aventureuse d’un parallélisme entre les formes de la musique et celles de la nature. (N. d. T.)