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la pensée de schopenhauer

mentale. C’est ainsi qu’elle exprime, par tous ces détours de sa marche, l’aspiration multiforme du Vouloir, mais toujours aussi, en rejoignant un des intervalles harmoniques, et plus encore par son retour final à la tonique, la satisfaction. Inventer la mélodie, découvrir en elle tous les mystères profonds du Vouloir et de la sensibilité humaine, c’est là l’œuvre du génie, dont l’action apparaît ici, de façon plus évidente que partout ailleurs, étrangère à toute réflexion, à toute préméditation consciente, méritant vraiment le nom d’inspiration. Ici aussi, comme partout en art, le concept est stérile ; le compositeur nous dévoile le sens profond de l’Univers et fait parler une mystérieuse sagesse dans un langage que sa raison ne comprend pas ; telle une somnambule qui nous révèle dans son sommeil magnétique des choses dont elle n’a aucune notion à l’état de veille. Aussi nul artiste plus que le compositeur n’exige qu’on distingue nettement chez lui l’artiste de l’homme.

En relevant toutes ces analogies entre la musique et les manifestations du Vouloir, il ne faut jamais oublier que la musique n’entretient avec ces dernières