de cette existence comme deux choses indépendantes l’une de l’autre ; il voit dans la première quelque chose qui aurait été versé dans le second ; ce faisant, il admet en réalité deux « maintenant », l’un qui appartiendrait à l’objet, l’autre qui appartiendrait au sujet, et il s’étonne de l’heureux hasard de leur rencontre. (W. W. V. vol. I, § 54.)
Si le Vouloir-vivre se présentait uniquement sous la forme de l’instinct de conservation, la vie, par où il s’affirme, se réduirait à un phénomène purement individuel, limité à sa durée naturelle. Elle serait par là-même relativement exempte de soucis et de peines ; elle s’écoulerait facile et douce. Mais comme, au contraire, le Vouloir veut la vie absolument et à jamais, il se présente encore sous la forme de l’instinct sexuel, lequel comporte une série indéfinie de générations successives. C’en est fait dès lors de cette insouciance innocente et paisible, qui serait le partage d’une existence bornée à l’individu : avec l’instinct sexuel apparaissent aussi dans la conscience l’inquiétude et la mélancolie, et dans la vie les soucis, les difficultés et les misères. C’est qu’à la satisfaction du plus impérieux de nos penchants,