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iv. de la vie et de la mort

plus d’une centaine d’enfants en une seule année, s’il a autant de femmes à sa disposition ; la femme, par contre, avec le même nombre d’hommes, ne pourrait jamais mettre au monde qu’un seul enfant par an (abstraction faite des jumeaux). Aussi l’homme est-il toujours en quête d’autres femmes, tandis que la femme s’attache fortement à un seul homme, parce que la nature, c’est-à-dire son instinct, non la réflexion, la pousse à vouloir conserver en lui celui qui doit nourrir et protéger sa future postérité. En ce sens la fidélité conjugale est artificielle chez l’homme et naturelle chez la femme, et ainsi l’adultère de la femme, aussi bien objectivement, à cause de ses conséquences, que subjectivement, parce que contre nature, est beaucoup plus impardonnable que celui de l’homme.

Chez l’homme, c’est avant tout la force de volonté, la décision et le courage, peut-être aussi la droiture et la bonté, qui gagnent le cœur de la femme. Celle-ci, par contre, n’est pas directement et instinctivement sensible aux avantages intellectuels, parce qu’ils ne s’héritent pas du père. La bêtise ne nuit pas auprès des femmes ; ce serait bien plutôt la grande supériorité de l’esprit, et à plus forte raison