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la pensée de schopenhauer

tence de tel individu, toute son histoire extérieure et intérieure, puisse différer si profondément de celle de tel autre. De même qu’il suffit au botaniste d’une seule feuille pour reconnaître et déterminer l’ensemble d’une plante, de même que Cuvier pouvait reconstituer toute la structure d’un animal à l’aide d’un seul de ses os, une seule action caractéristique d’un être humain peut servir à nous le faire connaître et en quelque sorte à le reconstruire, cette action portât-elle sur un détail insignifiant. Il faut même dire : surtout s’il s’agit d’un détail insignifiant ; car dans les grandes circonstances les gens ont coutume de se surveiller, tandis que dans les petites choses ils n’éprouvent guère de scrupules à s’abandonner à leur nature.


Modifications apparentes du caractère. Croyance et vertu.

Comme les motifs qui déterminent les manifestations du caractère, autrement dit la conduite, agissent sur ce caractère par l’intermédiaire de la connaissance, et comme d’autre part les notions de l’intellect sont mobiles et variables, oscillant presque toujours entre la vérité et l’erreur, mais en général aussi de telle façon que la vie tend à les rectifier progressivement — bien que très inégalement,