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v. morale et religion

Tous leurs jugements visent le caractère. L’acte, avec son motif, n’est pris ici en considération que comme témoignage de ce caractère ; mais aussi acquiert-il la valeur d’un symptôme infaillible, qui permet de classer un homme pour toujours et irrévocablement.

Toute action est le produit de deux facteurs : elle résulte à la fois du caractère de l’individu et du motif qui l’a déterminée. Ceci ne signifie nullement qu’elle représente une moyenne, une sorte de compromis entre le motif et le caractère. Elle satisfait au contraire pleinement aux exigences de l’un et de l’autre ; elle repose à la fois, avec toutes les possibilités qu’elle implique, sur chacun d’eux ; en d’autres termes, elle est due au fait que le motif déterminant s’adresse à tel caractère, et qu’en même temps ce caractère est déterminable par tel motif. Le caractère est la complexion permanente et immuable, connue par voie empirique, d’un Vouloir individuel. Or, ce caractère étant aussi bien que le motif un facteur indispensable à l’accomplissement de toute action, on s’explique dès lors le sentiment que nous avons d’être nous-mêmes la source de nos actions ; on s’explique ce « je veux » qui les accompagne toutes et en vertu