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v. morale et religion

qui séparait sa conscience de la leur. Ainsi s’expliquerait peut-être, au moins en partie, la façon très différente dont les hommes foncièrement bons et les hommes franchement mauvais accueillent l’approche de la mort.

Pour qui pratique la charité, le voile de la Maya s’est fait transparent ; l’illusion du principe d’individuation s’est dissipée. Etre guéri de cette illusion, délivré de cette chimère, et faire œuvre d’amour, c’est tout un.

D’autres ont pu ériger des principes moraux en forme de lois, de prescriptions obligatoires, auxquelles devrait se conformer, selon eux, quiconque prétend à la vertu. Pour moi, je l’ai dit, je ne saurais rien faire de pareil, parce que je n’ai point de devoir à proposer, point de loi à imposer au Vouloir éternellement libre. Ce que je puis faire, en revanche, en lieu et place de cette entreprise, c’est de rappeler ici cette vérité d’ordre purement théorique dont toute ma philosophie peut être considérée comme un simple développement : que le Vouloir est la « chose en soi » de tout phénomène,