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la pensée de schopenhauer

affranchie comme telle de toutes les formes de ce phénomène, et par conséquent aussi de toute multiplicité. Si nous voulons envisager cette grande vérité dans ses rapports avec nos actes, nous ne saurions l’exprimer sous une forme plus digne d’elle qu’en employant la formule des Védas : « Tat twam asi ! » (« Tu es cela ! » ou « Cela, c’est toi ! »). Celui qui a réalisé clairement le sens de ces paroles et qui est capable de les appliquer avec une profonde et intime conviction à tous les êtres avec lesquels la vie le met en contact, celui-là est assuré de posséder le secret de toute vertu et de toute béatitude ; il est sur la voie qui mène tout droit à la rédemption.


La négation du Vouloir-vivre.

Quand cette intuition d’un Vouloir identique en toutes ses manifestations, par où l’homme perce à jour le principe d’individuation, atteint à son maximum de clarté, elle produit sur la volonté des effets plus considérables encore. Du moment, en effet, qu’un être humain, pour avoir déjà soulevé le voile de Maya, a vu tomber entre lui et son prochain la barrière de l’égoïsme, qu’il s’intéresse désormais