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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/375

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v. morale et religion

n’aura point passé par des souffrances égales à la violence de ce Vouloir. (Cette idée m’est venue en contemplant l’Hérodiade de Léonard de Vinci.) Le criminel réalise du même coup à quel point la vie est horrible et à quel point il est lui-même indissolublement attaché à cette vie, puisque, précisément, ce qu’elle peut engendrer de plus horrible est son œuvre à lui. (N. P. § 303. Note.)


La liberté par la « grâce ».

Il est bien certain que la véritable liberté — être libre, c’est ne pas dépendre du principe de raison — ne peut appartenir qu’au Vouloir comme « chose en soi » ; elle est étrangère à ses manifestations, puisque celles-ci ont partout pour forme essentielle ce même principe de raison qui est précisément celui de la nécessité. Dès lors, le seul cas où il se pourra faire néanmoins que cette liberté s’affirme directement dans le phénomène, ce sera celui où elle met fin à cela même qui se manifeste par ce phénomène : le Vouloir-vivre. Mais comme dans ce cas le phénomène pur et simple, à savoir le corps vivant, n’en continue pas moins, en tant qu’anneau dans la chaîne des causes, d’exister dans le temps, il s’en suit que le Vouloir qui se manifeste par le phénomène