Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
353
v. morale et religion

il pût s’appuyer. Ce pasteur était un honnête homme, et qui disait vrai.

Il semble donc qu’il soit temps d’en finir en Europe, tout au moins en ce qui concerne les animaux, avec la conception juive de la nature, et d’apprendre à reconnaître, à épargner, à honorer dans l’animal l’Etre éternel qui vit en lui comme il vit en nous. Il faut vraiment être totalement aveuglé ou entièrement anesthésié dans ses cinq sens par le fœtor judaïcus, pour ne pas voir, pour ne pas sentir que l’animal, dans son essence et du seul point de vue qui importe, est exactement ce que nous sommes, et que la différence entre lui et nous gît uniquement dans l’accident, qui est l’intellect, et non pas dans la substance, qui est le Vouloir. Le monde n’est pas un arbitraire produit de fabrication et l’animal n’est pas un objet manufacturé pour notre usage. Ces idées-là, il faut les laisser aux synagogues ou, ce qui revient à peu près au même, aux auditoires philosophiques. Si, en revanche, nous savons comprendre la grande vérité que je viens précisément de rappeler, nous posséderons du même coup la règle de conduite qu’il convient d’observer à l’égard des animaux. Et ici il ne faudrait pas que les fanatiques et les calotins s’avisassent de trop nous contredire ; car cette fois