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I. DE LA CONNAISSANCE
Sur la Philosophie.

Pour philosopher, deux conditions sont avant tout requises : d’abord qu’on ait le courage de ne garder aucune question sur le cœur ; ensuite qu’on prenne clairement conscience de tout ce qui va de soi pour le concevoir comme un problème.


De l’idéalisme, fondement de toute vraie philosophie.

« Le monde est ma représentation ». C’est là une proposition que — tels les axiomes d’Euclide — chacun devra tenir pour vraie des l’instant qu’il l’aura comprise ; ce qui ne veut pas dire que, pour la comprendre, il suffise à chacun de l’ouïr. C’est d’avoir pris conscience de cette vérité essentielle, en y rattachant le problème des rapports de l’idéal et du réel, c’est-à-dire du monde dans le cerveau avec le monde hors du cerveau, qui confère à la philosophie moderne — outre qu’elle a posé le problème de la liberté morale — son caractère distinctif. Il a fallu deux mille ans de tentatives philosophiques