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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/44

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la pensée de schopenhauer

entreprises uniquement par la voie objective, pour qu’on en vînt à découvrir qu’une donnée première s’imposait, la plus proche et la plus immédiate, parmi toutes celles qui font du monde un si mystérieux et si grave problème ; et c’est celle-ci : aussi incommensurable, aussi formidable en sa masse que puisse être ce monde, son existence n’en est pas moins suspendue à un seul fil tenu : la conscience où, à chaque fois, il existe. Cette condition à laquelle, malgré toute sa réalité empirique, l’existence du monde est irrévocablement liée, lui imprime le sceau de l’idéalité, et par là le caractère d’un pur phénomène (apparition), ce qui oblige à le tenir pour apparente, au moins sous une de ses faces, au rêve, à le ranger dans le même ordre de faits. Car la même fonction cérébrale qui, pendant le sommeil, suscite à mes yeux un monde complètement objectif, sensible, palpable, cette même fonction doit avoir autant de part à la figuration du monde objectif qui est celui de l’état de veille. Pour différer par leur matière, ces deux mondes n’en sont pas moins coulés dans la même forme. Cette forme, c’est l’intellect, fonction du cerveau.