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i. de la connaissance

La véritable philosophie sera donc nécessairement idéaliste ; elle doit l’être, ne fût-ce que pour être honnête. Car personne — il n’y a pas de vérité plus certaine — ne peut sortir de soi-même pour s’identifier directement aux choses qui ne sont pas lui ; au contraire, tout ce dont j’ai une connaissance sûre, ce qui veut dire immédiate, gît à l’intérieur de ma conscience. Il ne peut donc y avoir au delà, en dehors de cette conscience, de certitude immédiate, cette sorte de certitude que doivent posséder les principes fondamentaux d’une philosophie. Du point de vue empirique où se placent les autres sciences, il est parfaitement légitime qu’elles prennent, sans autre préoccupation, le monde objectif comme absolument existant ; il n’en va pas de même de la philosophie, dont la tâche est de remonter aux éléments premiers et originels. Or seule la conscience lui est immédiatement donnée ; les fondements de la philosophie sont donc limites aux faits de la conscience ; en d’autres termes, elle est par essence idéaliste.

Selon le réalisme, le monde tel que nous le connaissons, doit exister également en dehors de cette connaissance. Essayons donc de supprimer du monde