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i. de la connaissance

Pour nous, nous ne sommes partis ni de l’objet ni du sujet, mais bien de la représentation, qui déjà les contient et les présuppose tous deux, puisque sa forme la plus générale et la plus essentielle est précisément qu’elle se décompose en objet et en sujet.

Par cette méthode, notre point de vue se distingue absolument de toutes les philosophies qui ont jamais été tentées, lesquelles sont toujours parties soit de l’objet, soit du sujet, cherchant à expliquer l’un par l’autre, et cela selon le principe de raison suffisante ; pour nous, au contraire, nous soustrayons le rapport entre objet et sujet à l’empire de ce principe, pour ne lui laisser que l’objet.

C’est là où elle se présente sous la forme du matérialisme proprement dit, que la méthode qui part de l’objet se montre le plus conséquente et que son application a le plus de portée. Le matérialisme pose la matière, et avec elle le temps et l’espace, comme absolument existants, sans tenir compte de leur rapport avec le sujet, qui est cependant l’unique lieu de leur existence. Puis il prend la loi de causalité comme fil conducteur dans la marche qu’il prétend suivre, faisant d’elle l’ordre unique et absolu des cho-