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i. de la connaissance

De ce qui précède, il suit que tous les animaux même les plus imparfaits, ont un intellect ; car tous ont la connaissance des objets, laquelle détermine, comme motif, leurs mouvements. — L’intellect est le même chez tous les animaux et chez tous les hommes ; il a partout la même forme simple : perception de la causalité, passage de l’effet à la cause et de la cause à l’effet ; rien de plus. Mais les degrés de son acuité et l’étendue de sa sphère varient considérablement ; il y a une gradation multiple de manifestations fort diverses, depuis le degré le plus bas, où l’intellect ne fait que reconnaître le rapport de causalité entre l’objet immédiat et l’objet non-immédiat, où il suffit exactement à établir le lien entre l’impression éprouvée par le corps et la cause de cette impression, et à percevoir cette cause en tant qu’objet dans l’espace, jusqu’aux degrés supérieurs où il reconnaît la relation causale qui relie entre eux les divers objets non-immédiats, faculté qui peut s’élever jusqu’à la compréhension des enchaînements les plus complexes de causes et d’effets dans la nature. Car cette dernière opération, elle aussi, appartient à l’intellect et non pas à la raison, dont les concepts abstraits ne peuvent servir qu’à recueillir ces données de la compréhension directe, à les fixer et à les