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la pensée de schopenhauer

Quand je dis : « dans un autre monde », c’est une grande sottise de demander : «  est donc cet autre monde ? » Car l’espace, qui seul prête un sens à toute espèce de « où », appartient précisément à ce monde-ci, en dehors duquel il n’y a point de « où » — Le repos, la paix et la béatitude habitent là seulement où il n’y a point de « où » ni de « quand ».


De la causalité.

La seule vraie façon de formuler la loi de causalité est celle-ci : tout changement a sa cause dans un autre changement qui lui est immédiatement antérieur. Quand quelque chose se passe, c’est-à-dire quand un nouvel état survient, c’est-à-dire quand quelque chose change, il faut qu’immédiatement auparavant quelque chose d’autre ait changé ; et, avant ce quelque chose d’autre, encore quelque chose d’autre ; et ainsi de suite, en remontant jusqu’à l’infini. Car une première cause est aussi impossible à penser qu’un commencement du temps ou une limite de l’espace. La loi de causalité ne contient rien de plus que ce que je viens d’énoncer ; ses prétentions ne peuvent donc se faire valoir que dans le domaine des changements. Aussi longtemps que rien ne change, il n’y a pas à