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i. de la connaissance

peine de châtiments) de se demander d’où il sort et pourquoi il est là. Bref, une pièce de cabinet pour professeurs de philosophie ! — Quant à la preuve cosmologique honnêtement présentée, elle a encore ceci contre elle, qu’en admettant une cause première, c’est-à-dire un premier commencement dans un temps qui est par essence sans aucun commencement, nous sommes obligés de renvoyer ce commencement toujours plus haut, en nous demandant chaque fois : pourquoi pas plus tôt ? Il nous faut même le renvoyer si haut, qu’il n’est plus possible de jamais redescendre de là jusqu’au présent, contraints que nous sommes de nous étonner sans cesse que ce présent ne fût pas déjà « présent » il y a des millions d’années. D’une façon générale, la loi de causalité s’applique donc à tout ce qui est dans le monde, mais non pas à ce monde lui-même ; car elle lui est immanente, et non pas transcendante. Cela tient, en dernière analyse, à ce qu’elle n’est rien d’autre qu’une des formes de notre intellect et qu’elle dépend de lui comme tout le monde objectif, qui est de ce fait un pur phénomène.